Dire que sur la Bretagne la météo est depuis quelques mois capricieuse est un doux euphémisme. Entre pluies pratiquement ininterrompues, températures très au dessus des moyennes pour l'hiver, un vent à décorner les bœufs toutes les semaines… On finirait par se dire que, vraiment, « y’a plus d’saisons » !
Il en est une pourtant, qui est toujours réjouissante, c’est la période de la floraison des arbres fruitiers en général, et des cerisiers en particulier.
Et si, pour nous, cette floraison se fait encore un petit peu attendre, au Japon, la période très importante de la floraison des cerisiers est en cours sur presque tout l’archipel, donnant lieu au festival Hanami.
Le moment idéal, donc, pour vous parler un peu de cette tradition.
Mais avant de parler de ce festival, encore faut-il déjà expliquer l’importance de la floraison des cerisiers au Japon. Ces cerisiers sont appelés les Sakura, ce qui désigne l’endroit ou réside le dieu du riz. Et donc, par extension, la floraison de ces cerisiers a donné dès le VIIIe siècle le feu vert de la plantation du riz.
Hanami, qui signifie « regarder les fleurs », serait une tradition tout aussi ancienne, et semble-t-il importée de Chine, qui n’était initialement pas liée à la floraison des cerisiers, mais plutôt à celle d’arbres aux fleurs roses, comme les pruniers ou les pêchers. Cette fête consistait pour les nobles japonais à s’asseoir près de cours d'eau, et à s'échanger des coupelles de saké poussées sur l'eau, tout en jouant à des jeux traditionnels.
Puis les Japonais ont recentré la fête sur leurs cerisiers aux fleurs plus blanches, en particulier au IXe siècle, sous l’impulsion de l’empereur Saga. Cela s'est aussi fait en partie pour se démarquer de l'influence de la Chine, dont l’emblème était le pêcher. C’est ainsi qu’eût lieu à Kyoto le premier festival Hanami, consistant à observer la floraison des cerisiers, au printemps de l’an 812. Quelques années plus tard, la cour impériale décida de reconduire ce festival annuellement. Il essaima progressivement dans la caste des samouraïs, puis dans l'ensemble de la société japonaise.
Aujourd’hui, le festival d’Hanami est si important au Japon qu’il fait même l’objet de la publication d’un calendrier officiel des dates de floraisons, du premier au dernier jour, par préfecture. Ainsi apprend-on que si dans la région de Kyoto, le festival Hanami bat son plein et touchera à sa fin dans les jours qui viennent, dans la région d’Okkaido (la grande île la plus au Nord du Japon), en revanche, la floraison aura lieu plus tard dans le mois d’avril, soit presque à la même période qu’en Bretagne...
En somme, Hanami est tout d’abord une fête familiale, qui consiste à se retrouver à l’ombre des Sakuras pour des pique-niques arrosés de saké.
Alors c’est sûr, vouloir faire la même chose en Bretagne en ce moment, ce serait assez risqué pour les bronches, et par ailleurs hors de propos puisque nos cerisiers ne sont pas encore en fleurs (en tout cas, aucun des quatre cerisiers qui agrémentent notre jardin, à la houle de Fée-Cygne, alors que les pêchers ont eux commencé à fleurir).
Il faudra donc attendre encore quelques semaines. Et si vous n’avez pas de cerisier chez vous, vous pouvez toujours vous rendre dans un parc floral. Près de Fougères, par exemple, se trouve le parc floral de Haute-Bretagne… Qui propose justement des activités à l’occasion d’Hanami, fin avril. Nous y serons certainement, mais pour une fois, pas pour exposer nos créations, mais juste pour nous nous promener et pique-niquer en famille à l’ombre des cerisiers en fleurs.
En espérant que le temps ne sera pas trop… breton !