Il n’aura sans doute pas échappé à nos visiteurs que depuis quelques temps, le Japon s’est fortement invité dans la Houle de Fée-Cygne. En effet, jusqu’à il y a environ un an en arrière, hormis quelques réalisations de Paul en objets déco, nos thèmes étaient surtout inspirés par la Bretagne, ou encore par les nœuds chinois et coréens.
Mais depuis que Marie s’est mise à l’art du Mizuhiki et du nœud japonais, les créations se rapportant au Japon n’ont cessé d’augmenter sur notre site. Pourquoi cela ?
Eh bien, tout simplement, parce que nous trouvons qu’il existe de fortes similitudes ou à tout le moins passerelles entre cultures celte et japonaise. En outre, le vent d’Est souffle depuis longtemps sur nos imaginaires, attisé ces derniers temps par nos propres enfants.
Les similitudes, tout d’abord.
Nous aurions souhaité faire un article long et complet sur les similitudes que nous voyons entre les mythologies celte, nordique et shinto, mais ce serait un exercice finalement assez fastidieux, et sans doute même un peu tiré par les cheveux. Disons simplement que l’on retrouve entre ces croyances quelques points communs, en particulier le fait de disposer de panthéons très complets, mais surtout, comme dans toutes les religions animistes, de voir dans toute création naturelle un esprit. On peut aussi rapprocher entre monde celte et Japon le fait que cet animisme soit avant tout rural (par opposition à celui des Grecs et des Romains, plutôt urbain).
N’y a-t-il pas un rapport entre telle fontaine « miraculeuse » christianisée de Bretagne, posée sur le lieu d’une antique croyance païenne, et tel sanctuaire Shinto ? N’y a-t-il pas de correspondance entre certains Kamis et plus encore entre les Yokai et certaines des créatures du petit peuple ? Dans le fait que l’on honore montagne, cours d’eaux et forêt ? Que l’on voit dans les animaux, particulièrement les chats, les messagers des esprits ou des dieux ? Les chats sorciers de Haute-Bretagne ne sont-ils pas nos bakeneko ?
Nous n’irons pas jusqu’à rapprocher Hel d’Izanami, les deux déesses gardiennes des enfers nordique et shinto… Quoique !
La similitude la plus frappante, dans le cas des travaux de Marie, a certainement été celle qu’elle a pu observer dans les nœuds. Par exemple, elle a pu se rendre compte que le nœud de base, en Mizuhiki, appelé le nœud Awaji, se retrouve dans certains nœuds celtes, voire en constitue la base, comme par exemple dans le cas du nœud Guenièvre, qu’elle réalisait au départ exclusivement en cordon, et qu’elle sait maintenant réaliser en Mizuhiki. De même avec le nœud cercle de vie. Du coup, créer un symbole d’arbre de vie en Mizuhiki comme celui qui illustre cet article devenait une évidence.
Vent d’ouest, vent d’est.
Il n’est pas besoin de préciser qu’à la Houle de Fée-Cygne, nous avons été alimentés par le vent d’ouest depuis fort longtemps, notre simple installation en Bretagne en témoigne. Pendant très longtemps, le vent d’Est qui inspirait Marie venait surtout de Corée et de Chine, mais cela était moins vrai pour Paul, qui a été ouvert plus jeune à la culture nippone, notamment en découvrant à dix ans à peine, Kagemusha, l’un des chefs d’œuvre d’Akira Kurosawa, le grand réalisateur de cinéma, mais aussi des œuvres littéraires ou artistiques.
Cet attrait pour la culture japonaise a été par ailleurs renforcé par celui de nos enfants, qui le développent à travers leur passion pour le manga en général, mais aussi pour les dessins animés des studios Ghibli, en particulier ceux qui font référence au Japon rural ou médiéval ainsi qu’au folklore japonais : songeons à Princesse Mononoke, Pompoko, Totoro, Souvenirs goutte à goutte, ou encore l’indépassable conte de la princesse Kaguya. Également par la musique, avec des découvertes plus ou moins conventionnelles…
Bref, la culture japonaise est entrée dans la Houle de Fée-Cygne, qu’elle ait été portée par la marée ou le vent, et n’est pas prête d’en ressortir. Elle n’occulte pas la culture bretonne que nous affectionnons toujours autant, mais cohabite avec elle, la nourrit et s’en nourrit à son tour.
D’ailleurs, pour le film Arrietty : le petit monde des chapardeurs, premier film des studios Ghibli dont la musique n’était pas composée par un Japonais, Miyazaki avait fait appel à Cécile Corbel, une chanteuse bretonne et harpiste celtique. C’est un signe, non ?
Mots clés :